Préserver sa lucidité malgré l’isolement du leader

Régulièrement, la presse relate des exemples de dirigeants talentueux qui se sont fourvoyés de façon étonnante : des erreurs flagrantes de décision, prises par des leaders qui avaient pourtant jusque-là démontré des capacités hors du commun.

Ainsi, Ron Johnson a pris la direction de la chaîne de magasins américains JCPenney suite à ses remarquables succès chez Target, puis chez Apple. Embauché pour redynamiser cette entreprise centenaire, il a rapidement conçu une stratégie audacieuse. Certaines données auraient dû l’inviter à la prudence. Il a cependant refusé de procéder à des opérations pilotes, et a délibérément opté pour un déploiement à grande échelle. Résultat : les ventes ont chuté de 30 %, conduisant à son éviction dix-sept mois après sa prise de fonction. De même, Steve Jobs, lors de la guerre interne contre son bras droit John Sculley, a surestimé l'appui dont il disposait au sein du comité de direction, ce qui l’a conduit en 1985 à devoir quitter l’entreprise.

Ces exemples sont loin d’être atypiques. Ils reflètent un risque majeur auquel sont exposés les leaders : un entourage souvent trop déférent, l’obligation de s’en remettre aux autres, ou encore la nécessité de s’appuyer sur des informations filtrées par des tiers, les conduisent facilement à l’aveuglement. Les auteurs que nous avons sélectionnés soulignent l’importance pour les dirigeants d’être à l’affût de ce qui risque de fausser leur jugement. Il ressort de leurs écrits de nombreuses pistes permettant de conforter activement sa lucidité.

- Veillez à être régulièrement au contact direct du terrain, pour limiter les risques de déformation de l’information qui remonte à vous.

- Obligez-vous à mettre régulièrement vos convictions à l’épreuve, pour éviter qu’elles ne deviennent des œillères.

- Entourez-vous de personnes capables de repérer et de vous signaler vos erreurs de jugement.