Réhabiliter la sensibilité dans l’entreprise

La sensibilité a généralement mauvaise presse dans les entreprises occidentales. On attend d’un leader qu’il décide de façon rationnelle, sans états d’âme. Qu’il sache affronter les désaccords sans crainte du conflit ni agressivité. Qu’il reste égal dans son dynamisme lorsqu’il doit surmonter des déconvenues. L’émotivité est ainsi regardée avec méfiance, comme une faiblesse qu’il faudrait masquer et dont il faudrait apprendre à s’affranchir. Il s’agit là d’un marqueur culturel : souvent décriée aux États-Unis ou en Europe, l’hypersensibilité est valorisée en Inde ou en Thaïlande, par exemple. 

Cette défiance se traduit souvent par la mise à l’écart des personnalités les plus sensibles – qu’elles soient jugées moins crédibles, qu’elles soient déconsidérées pour les postes à responsabilité ou qu’elles abandonnent l’idée de faire carrière en entreprise. Or la chercheuse en psychologie Elaine Aron a mis en évidence qu’environ 15 à 20 % de la population se caractérise par un fonctionnement cérébral particulièrement sensible, qui prend en compte de façon à la fois plus large et plus intense l’ensemble des stimuli. Ces personnes se démarquent par une perception plus riche et plus fine de leur environnement, mais aussi par une émotivité exacerbée, plus ou moins contrôlée.

Ce mode de fonctionnement présente de nombreux atouts. Elaine Aron l’illustre par des binômes célèbres constitués d’un roi guerrier audacieux dont le succès doit beaucoup à l’association avec un conseiller au profil hypersensible, porteur d’une écoute et d’une analyse plus subtiles de l’environnement. Ainsi, les organisations ont tout à gagner à faire une meilleure place aux profils dotés d’une forte sensibilité. Leur prise en compte accrue de la multiplicité des signaux est précieuse pour appréhender la complexité de l’environnement et en anticiper les évolutions. La sensibilité aux ressentis des autres est un avantage pour effectuer des choix à même de fédérer les énergies pour réussir les changements. Mais ceux que l’on qualifie souvent d’hypersensibles ont besoin d’un cadre suffisamment sécurisant pour s’exprimer pleinement. Comment créer les conditions pour que les atouts de cette forme particulière de perception et de traitement de l’information puissent donner toute leur valeur dans l’entreprise ?

Dans cette synthèse :
– Mieux comprendre le fonctionnement des personnes hypersensibles
– Favoriser l’inclusion des hypersensibles dans ses équipes
– Gérer sa sensibilité