Créer ses marchés de demain

Au début des années 2000, Nintendo est relégué en troisième place du marché des consoles de jeu, après Microsoft et Sony. Ses dirigeants décident alors de travailler sur une expérience de jeu radicalement nouvelle. Et si le jeu vidéo n’était plus majoritairement solitaire, mais devenait une occasion de passer un bon moment entre amis ou en famille ? Et si, au lieu de mettre l’accent sur le monde virtuel, on mettait l’accent sur l’expérience physique accompagnant le jeu ? Parallèlement, une nouvelle technologie arrive sur le marché : les accéléromètres MEMS. Nintendo en tire parti pour mettre au point sa manette de contrôle Wii qui permet de transmettre à la console les directives de jeu grâce la détection de l’orientation et de la vitesse du mouvement du joueur. En 2007, six mois après sa sortie, la Wii génère le double des ventes de la Xbox et le quadruple de celles de la PlayStation.

Que s’est-il passé pour que Nintendo en vienne à imaginer la Wii ? Certes, l’entreprise a bénéficié d’une innovation technologique : les MEMS. Mais Sony et Microsoft avaient eux aussi accès à cette technologie et n’en ont pas pour autant conçu une expérience innovante. Certes, Nintendo avait de très bonnes équipes. Mais Sony et Microsoft disposaient aussi de créatifs hors pairs et d’une excellente connaissance des besoins de leurs clients.

Il n’y a pas, bien sûr, une réponse simple à cette question. Cependant, l’analyse d’autres innovations radicales de même nature fait apparaître des points communs. À commencer par la volonté farouche des dirigeants de véritablement inventer les usages de demain en s’extrayant des marchés existants. Et, pour y parvenir, de s’inscrire dans une véritable démarche de recherche fondamentale, bien différente des approches qui prédominent en matière d’innovation, avant tout tournées vers l’innovation incrémentale.